Seigneur,
Nous sommes ce soir, nous Tes amis, auprès de Toi. Au Jardin des Oliviers, Tu as fais ce reproche attristé à Tes Apôtres : ''Ainsi, vous n'avez pu veiller une heure avec Moi !'' Nous voulons veiller cette heure avec Toi. Il y a 2000 ans, à Gethsémani, Tu as été écrasé par la souffrance et Tu t'es retrouvé abandonné, Seul, pour la porter. Cependant, dans la lumière de Ta divinité, Tu as vu toutes les âmes fidèles qui auront voulu venir passer cette heure, Ton heure, avec Toi. Combien de coeurs, au cours des siècles, ont répondu généreusement à Ton attente pour partager Ton amertume et Ton angoisse. Dans Ton agonie, Tu en as été réconforté, consolé.
Seigneur Jésus, nous voulons être ce soir pour Toi des amis très proches, nous sommes venus veiller et prier auprès de Toi (présent dans le Saint sacrement). Avec Toi, nous voulons, par notre amour, réparer les ingratitudes de ceux que Tu as tant aimés et qui ne veulent pas répondre à Ton Amour. Ce calice, Seigneur, qui T'est présenté, c'est d'abord le martyre de la passion toute proche : Tu vois Judas, l'apôtre que Tu as aimé comme les autres, Te livrer pour quelques pièces d'argent et Te trahir par un baiser. Tu vois Pierre Te renier, et tous les autres apôtres s'enfuir lâchement. Tu te vois lié, traîné par Tes ennemis à travers les rues de Jérusalem, ces mêmes rues, où quelques jours auparavant, Tu passais en triomphateur, acclamé comme le Messie. Tu vois les faux témoins, les juges iniques, qui T'accusent, Te jugent et Te condamnent. Tu vois ce peuple juif que Tu as tant aimé et que Tu as comblé de Tes bienfaits, T'insulter et réclamer Ta mort à grands cris. Tu trembles déjà sous les coups de la flagellation; Tu te vois couronné d'épines, ridiculisé, moqué comme un roi de bouffonnerie. Jésus, Tu vois la Croix qu'on Te présente et que Tu charges sur Tes épaules ; Tu vois le chemin qui monte au calvaire et les pierres sur lesquelles Tu trébucheras. Etendu sur la Croix, Tu entends le martèlement des marteaux et les blasphèmes des bourreaux. Tu sais quelle cruelle agonie Tu vivras pendant ces trois heures, poursuivi par les insultes de Tes ennemis. Tu pressens l'abandon du Père et la désolation de Ta Mère. Toutes ces scènes cruelles et terrifiantes se déroulent sous Tes yeux ; elles envahissent Ton Coeur et Le fait trembler d'épouvante.
O Jésus, Agneau Innocent, nous Te bénissons d'avoir dit oui à ce calice de souffrance, afin qu'élevé de terre, Tu attires tous les hommes à Toi. Mais ce calice de souffrances n'est rien à côté de celui qui T'est présenté maintenant : en cette heure d'angoisse, Tu as vu se dérouler devant Toi l'effroyable spectacle des iniquités de l'humanité depuis le commencement du monde jusqu'à la fin des temps, toutes les impuretés, les lâchetés, les trahisons, les abandons des hommes de tous les temps, des hommes créés avec amour à Ton image et à Ta ressemblance, appelés à l'éternité de la gloire. Ce torrent de boue submerge Ton âme innocente ; Toi le Saint de Dieu, Ton Coeur est broyé par le poids de ce péché. Et ce poids d'iniquité Ton Père Te demande de le prendre sur Toi ; Toi l'Agneau Innocent au coeur parfaitement pur, doux et humble. Quel combat en Ton âme qui n'a jamais voulu connaître le péché ! Mais Ton Amour des hommes est le plus fort : ''Père, que Ta volonté soit faite et non la Mienne.'' Tu acceptes d'être devant le Père comme celui qui est rejeté parce que son péché a méprisé l'Amour divin ; une sueur de sang envahit Ton Corps et coule jusqu'à terre. En Te contemplant, Seigneur Jésus, en Ton agonie, nous Te demandons une réelle contrition de nos péchés : dans le calice qui T'est présenté, il y a nos lâchetés, nos indifférences, tous nos refus d'aller plus loin dans Ton amour, toutes nos peurs pour Te suivre chaque jour. Nous nous reconnaissons, Seigneur, tels que nous sommes devant Toi, dans un acte sincère d'humilité et de pauvreté ; nous faisons appel à ton Amour miséricordieux pour nous relever. Seigneur Jésus, Fils de Dieu Vivant, prends pitié de nous, pécheurs !
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