Tu es Tout pour moi.
Auteur : Jean de Dalyatha (VIIIème siècle)
Heureux celui qui fixe continuellement les yeux sur Toi,
ô mon Paradis qui m'apparais en moi !

Ô Arbre de Vie, dans mon coeur
Tu m'enflammes à tout moment de Ton désir !

Heureux celui qui Te cherche en lui-même à tout moment,
car c'est de lui-même que coule pour lui la Vie,
afin qu'il s'en délecte !

Heureux celui qui porte en tout temps
dans son coeur ton souvenir,
car son âme aussi est enivrée de ta douceur !

Heureux celui qui fixe continuellement les yeux sur Toi
au-dedans de lui, car son coeur aussi est illuminé
pour voir les mystères cachés !

Heureux celui qui, préoccupé de Toi,
voit ses pensées réduites au silence,
car l'Esprit fait sourdre en lui
des fleuves de Vie pour sa délectation ;
pour la sienne et pour celle de ceux
qui ont soif de Le voir.

Heureux celui qui étend sa couche
dans l'admiration incessante de tes mystères
et y repose silencieusement dans l'émerveillement
qu'ils provoquent, car d'elle aussi s'exhale,
pour la joie du coeur de celui qui est diligent,
le parfum de la Vie produit par ton Esprit saint,
Gardien de la pureté de ceux qui L'aiment !

Heureux celui qui oublie les compagnies du monde
en s'entretenant avec Toi,
car par Toi tous ses besoins sont comblés!
Tu es, en effet, sa nourriture et sa boisson,
Tu es sa joie et son allégresse,
Tu es son vêtement et c'est de ta gloire
que sa nudité est revêtue.
Tu es sa demeure et l'habitation où il trouve le repos,
et en Toi il entre en tout temps s'abriter.
Tu es son soleil et son jour, et c'est dans ta lumière
qu'il voit les mystères cachés.
Tu es le père qui l'a engendré,
et comme un enfant il T'appelle : Père !
Tu lui as donné l'Esprit de ton Fils
pour qu'Il demeure en son coeur,
et Lui, Il lui a donné la liberté confiante
de Te demander tout ce qui est tien,
comme un fils à son père.
À tout moment il vit en Ta compagnie,
du fait qu'en dehors de Toi il ne connaît pas de père.
Tu es uni à son âme, Tu es mêlé à ses membres,
Tu brilles dans son esprit et Tu captives celui-ci
pour qu'il s'émerveille à ta vue.
Tu fais taire les mouvements de son âme
par la véhémence de ton amour et
Tu transformes le désir de son corps
par la grandeur de ta douceur :
il sent ton saint Parfum,
comme l'enfant respire celui de son père
et l'odeur de ta grâce s'exhale de son corps,
comme celle de sa nourrice s'exhale de l'enfant.
À tout moment, Tu le consoles par ta vision ;
lorsqu'il mange, il Te voit dans sa nourriture ;
lorsqu'il boit, Tu resplendis dans sa boisson ;
lorsqu'il pleure, Tu apparais dans ses larmes.
Partout où il regarde, il Te voit,
de sorte que de tous côtés,
Tu augmentes son bonheur.

Jean de Dalyatha, mystique syro-oriental du VIIIème siècle



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