Heureux celui qui fixe continuellement les yeux sur Toi, ô mon Paradis qui m'apparais en moi !
Ô Arbre de Vie, dans mon coeur Tu m'enflammes à tout moment de Ton désir !
Heureux celui qui Te cherche en lui-même à tout moment, car c'est de lui-même que coule pour lui la Vie, afin qu'il s'en délecte !
Heureux celui qui porte en tout temps dans son coeur ton souvenir, car son âme aussi est enivrée de ta douceur !
Heureux celui qui fixe continuellement les yeux sur Toi au-dedans de lui, car son coeur aussi est illuminé pour voir les mystères cachés !
Heureux celui qui, préoccupé de Toi, voit ses pensées réduites au silence, car l'Esprit fait sourdre en lui des fleuves de Vie pour sa délectation ; pour la sienne et pour celle de ceux qui ont soif de Le voir.
Heureux celui qui étend sa couche dans l'admiration incessante de tes mystères et y repose silencieusement dans l'émerveillement qu'ils provoquent, car d'elle aussi s'exhale, pour la joie du coeur de celui qui est diligent, le parfum de la Vie produit par ton Esprit saint, Gardien de la pureté de ceux qui L'aiment !
Heureux celui qui oublie les compagnies du monde en s'entretenant avec Toi, car par Toi tous ses besoins sont comblés! Tu es, en effet, sa nourriture et sa boisson, Tu es sa joie et son allégresse, Tu es son vêtement et c'est de ta gloire que sa nudité est revêtue. Tu es sa demeure et l'habitation où il trouve le repos, et en Toi il entre en tout temps s'abriter. Tu es son soleil et son jour, et c'est dans ta lumière qu'il voit les mystères cachés. Tu es le père qui l'a engendré, et comme un enfant il T'appelle : Père ! Tu lui as donné l'Esprit de ton Fils pour qu'Il demeure en son coeur, et Lui, Il lui a donné la liberté confiante de Te demander tout ce qui est tien, comme un fils à son père. À tout moment il vit en Ta compagnie, du fait qu'en dehors de Toi il ne connaît pas de père. Tu es uni à son âme, Tu es mêlé à ses membres, Tu brilles dans son esprit et Tu captives celui-ci pour qu'il s'émerveille à ta vue. Tu fais taire les mouvements de son âme par la véhémence de ton amour et Tu transformes le désir de son corps par la grandeur de ta douceur : il sent ton saint Parfum, comme l'enfant respire celui de son père et l'odeur de ta grâce s'exhale de son corps, comme celle de sa nourrice s'exhale de l'enfant. À tout moment, Tu le consoles par ta vision ; lorsqu'il mange, il Te voit dans sa nourriture ; lorsqu'il boit, Tu resplendis dans sa boisson ; lorsqu'il pleure, Tu apparais dans ses larmes. Partout où il regarde, il Te voit, de sorte que de tous côtés, Tu augmentes son bonheur.
Jean de Dalyatha, mystique syro-oriental du VIIIème siècle
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