Nous nous prenons parfois à penser que si nous avions été à Ta place, nous aurions fait les choses bien autrement que Toi : nous aurions choisi de grandes paroles évidentes, belles et pures; il n'y aurait eu dans la révélation que de hautes figures, et des paroles de beauté, de justice et d'amour. Nous aurions fait en quelque sorte un recueil de morceaux choisis: des âmes, mais rien que de belles âmes, des actions, mais seulement de bonnes actions, et nous aurions doné cela au monde comme viatique dans les mauvais chemins.
Mais telle n'a pas été Ta sagesse et lorsque nous tenons dans notre main le vieux livre, nous voyons que Tu as choisi la voie difficile. Tu nous parles non pas dans un enclos fleuri et tranquille mais sur la terre des hommes, au milieu des grandes haines, des malheurs et des soudains défis. Tu as voulu que ta sainte parole fût toujours vraie et non pas nécessairement belle. C'est ici, dans cette humanité pleine de douleur et de misère que nous devons entendre Ta voix. Nous voici nous-même avec nos vieilles rancunes, nos déceptions, nos amertumes et nous voudrions, ô Père, que notre prière soit une loyale prise de conscience de nous-mêmes. Nous savons que ce n'est pas seulement du côté de la mort et des tombes que nous avons besoin de clarté mais du côté de cette étrange et cependant magnifique aventure que chacun de nous est appelé à vivre.
Nous te demandons de nous conduire par la main sur les sentiers difficiles et de nous donner le sentiment de cette nécessaire sainteté qui n'est pas je ne sais quelle vertu fantastique, mais une certaine qualité de l'âme dont on s'approche d'autant plus qu'on se tient près de Toi.
reçu par e-mail de Genève, Suisse
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