Dans mon enfance, je n'avais jamais entendu parler ni de Dieu, ni du Christ. Dans mon éducation, le mystère n'avait pas de place. Pourtant, très tôt, les visages me hantaient. Je sentais obscurément que quelque chose d'autre habitait en eux : d'où venaient-ils ? d'où venait la lumière qui, par instants, les transfigure et les faits si beaux qu'on a envie de pleurer.. Le reste de l'univers m'apparaissait de plus en plus impersonnel, glacial, plus froid que la clarté qui tombe des étoiles.
A seize ans, on est capable des plus profonds désespoirs de sa vie : j'avais résolu de me tuer. (Le démon de nos coeurs s'appelle ''à quoi bon''). Pétrifié par l'absence intérieure qui faisait de moi un ''mort vivant'', je suis monté dans le car qui devait me ramener en ville. Et j'ai senti tout à coup, qu'on me regardait: quand on est vraiment regardé, ça se pressent; ça fait comme une brûlure, ou comme une main posée sur l'épaule. Une petite fille - de 4 ou 5 ans- me regardait. Je ne l'avais jamais vue, je ne l'ai jamais revue. Elle me regardait avec la douce insistance - pleine de pudeur et de gravité - de ceux qui comprennent sans qu'il soit besoin de rien dire. Elle m'a souri... Et ce sourire a effacé le drame, il l'a balayé. Au sens le plus fort du mot, il m'a ''sauvé la vie''. J'ai compris que la lumière venue de ces yeux-là ne pouvait pas mentir; elle était plus réelle et plus vaste que l'océan des peines elle parlait plus haut que l'aveugle silence du ciel noyé d'étoiles. L'océan intérieur de ces yeux-là était plus réel que la mort. Et leur promesse était de celles qui sont faites pour être tenues. Il devenait urgent de ...vivre.
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