Elle naviguait en aube drue. Son voile la couvrait de repos. Son ventre importait l'océan aux sentes du désert piquant.
Elle avait, disait-on, des mains tissées de présence, un regard au grain doux et serein. Aux escales de ses joues, la lumière sourdait, incongrue, dénuement d'innocence.
Le monde gravait une histoire démesurée sur ses épaules douces. Elle ne souhaitait pourtant rien de plus que l'immense allumé de louanges. Se remisait dans l'antre d'un Dieu amniotique. Portefaix et portée, héraut et héroïne, calme clameur vitale.
Sa ronde apparence trompait les hommes pressés au détour d'un demain. Elle goûtait chaque lune d'un sang épargné. Pétrissait la levure d'une sève croissante.
Elle savait du voyage l'issue, la délivrance. Elle couvait le globe de beauté. L'amour ourlait sa danse lentement transportée à rythme pèlerin. L'âne étreignait son ombre, berçait la douleur froide, le vif ressac guetté.
Encore un pas ou deux, encore une oasis. Un chant, une litière, un cri plus un encore, une lumière béante. Encore saisir l'enfant. Le naître au jour, le mourir de soi. Encore désaltérer les rives sèches du temps. Sous la grêle d'étoiles, encore s'émerveiller.
Et apprendre fragile à tendre l'étoffe de lin sur ce corps incendié. Lavé dans l'éclat du matin.
reçu par e-mail de Belgique
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