Sans l'étoile perforant l'obscurité du ciel Tendu en noir linceul sur le champ de la terre Sans sa braise de joie insufflant aux bergers Ce triple élan d'aller, de voir et d'adorer Sans son poudreux sillage entraînant à sa suite Les trois Mages d'Orient vers l'Enfant sur la paille, Sans cette étoile-là sur le toit de l'étable, Pas de paix pour les hommes... pas de Pâques non plus...
Sans ce Roi doux et humble assis sur un ânon Sans ce linge noué à Sa taille d'esclave A genoux devant l'homme pour lui laver les pieds Sans le pain partagé pour nourrir notre coeur Et sans le vin versé désaltérant notre âme, Pas de Source pour l'homme... pas de Pâques non plus...
Sans l'angoisse et l'effroi aux rebords de l'abîme Sans le sommeil des uns et le baiser de l'autre, Pas d'issue pour les hommes... pas de Pâques non plus...
Sans le cuir en lanières, pas de fouet déchirant Sa chair à chaque coup Sans tissu cramoisi, pas de manteau royal sur Son dos labouré Sans épineux buissons pour Lui pas de couronne Et sans souples roseaux, pas de coups la plantant plus profond dans Sa tête Sans salive écumeuse, pas de crachats haineux engluant Son visage Sans les soldats hilares - et par eux déguisé en roi dont ils se moquent Sans cette mascarade, Pas de respect pour l'homme... pas de Pâques non plus...
Sans arbres droits et hauts, pas de croix à porter Sans gisements de fer, point de pesant marteau Pour enfoncer les clous dans Ses mains, dans Ses pieds Sans Ses mots dans un souffle : ''Mon Père, pardonne-leur, ils ne savent ce qu'ils font''... Sans Ses mots dans un souffle, Pas de grâce pour l'homme... pas de Pâques non plus...
Sans Son râle en détresse : ''Mon Dieu, Mon Dieu, Pourquoi m'as-tu abandonné ? '' Sans Son râle en détresse, Pas d'accueil pour chaque homme... pas de Pâques non plus...
Sans roseau, sans éponge, pas d'acide vinaigre Pour étancher Sa soif Et décoller Sa langue de Son palais brûlant Sans l'acide vinaigre mais surtout, sans Son cri : Clameur désespérée incapable, à elle seule, De déchirer la nuit tendue en noir linceul Jusqu'au fond de l'abîme où la mort L'engloutit Sans Son cri d'impuissance face à la barbarie Des hommes qui Le tuent Lui, Parole de Vie, Lui, Parole de Dieu Pour qu'enfin Il Se taise, Sans Son cri d'impuissance, Pas de vie pour les hommes... pas de Pâques non plus...
Oui mais... Sans le tombeau d'un autre pour L'y ensevelir, Sans la pierre scellée pour en boucher l'entrée, Sans les femmes au matin de ce troisième jour Et sans Marie Madeleine Le cherchant et pleurant Dans le froid de sa nuit en dépit du soleil... Sans la pierre roulée, Pas de résurrection... pas de Pâques non plus...
Et surtout, oui... surtout...
Sans la pierre roulée Et sans Marie Madeleine... Pas de mots, plus de nom Soufflé par la Parole Lorsqu'au matin de Pâques, Juste pour qu'elle l'entende Au noir de son abîme, Il l'appelle : '' Marie ! '' reçu par e-mail de Suisse
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