Seigneur, tu sais mieux que moi que je vieillis, et qu'un jour je ferai partie des ''vieux''. Garde-moi de cette fatale habitude de croire que je dois dire quelque chose à propos de tout et en toutes occasions.
Débarrasse-moi du désir obsédant de mettre en ordre les affaires des autres. Rends-moi réfléchi mais non maussade, serviable mais non autoritaire. Il me paraît dommage de ne pas utiliser toute ma vraie réserve de sagesse, mais tu sais, Seigneur... que je voudrais garder quelques amis.
Retiens-moi de réciter sans fin des détails, donne-moi des ailes pour parvenir au but. Scelle mes lèvres sur mes maux et douleurs, bien qu'ils augmentent sans cesse et qu'il soit de plus en plus doux, au fil des ans, de les énumérer.
Je n'ose pas te demander d'aller jusqu'à prendre goût au récit des douleurs des autres, mais aide-moi à les supporter avec patience. Je n'ose pas te réclamer une meilleure mémoire, mais donne-moi une humilité grandissante et moins d'outrecuidance lorsque ma mémoire se heurte à celle des autres. Apprends-moi la glorieuse leçon qu'il peut m'arriver de me tromper.
Garde-moi. Je n'ai pas tellement envie de la sainteté : certains saints sont si difficiles à vivre ! Mais une vieille personne amère est assurément l'une des inventions suprêmes du diable. Rends-moi capable de voir ce qu'il y a de bon là où on ne s'y attendait pas et de reconnaître des talents chez des gens où on n'en voyait pas. Et donne-moi la grâce pour le leur dire... Amen.
Prière traduite de l'anglais, écrite par une religieuse du 17ème siècle et trouvée dans la cathédrale de Cantorbery
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