
Sois patient et obscur
Auteur : Père Lyonnet
Seigneur, je ne pourrai jamais plusVous servir comme je l’avais rêvé,
car je suis pour toujours un ’diminué’.
Même si je me relève de cette maladie,
il me faudra compter avec mes forces,
et justement je voulais Vous aimer sans compter,
et du matin au soir me donner à mon prochain…
Maintenant Seigneur, c’est bien fini.
Me voilà cloîtré dans une chambre.
Au lieu de Vous rendre service,
il faut que je me fasse servir.
Au lieu de ne plus penser à moi,
je dois à tout instant mesurer mes forces.
Au lieu d’utiliser mon intelligence pour votre gloire,
voilà ma tête vide et douloureuse.
Je voulais montrer à tous que Vous êtes bon :
mon coeur s’est refermé sur sa souffrance,
et mon corps, qui voulait porter Votre Amour,
est inerte, pour combien de temps ?
Si je ne peux plus travailler pour mes frères,
quel sens garde ma vie ?
Le Christ :
Mon Fils, ne peux-tu faire
ce que j’ai fait le premier ?
Écoute : sais-tu le moyen, avec Moi,
de porter la Lumière au monde entier ?
Il faut précisément cesser de voyager,
renoncer à te servir des mains et de tes pieds.
Il faut donner tes pieds et tes mains, qu’on les cloue.
L’important n’est pas de beaucoup parler,
mais de se faire entendre ;
et pour cela, il faut beaucoup de silence et d’humilité,
toute une vie de souffrance et d’obscurité.
Tu es bien servi, de quoi te plains-tu ?
Allons, mon fils, prends courage !
J’y suis passé, je le sais, je peux en témoigner :
il n’y a pas de meilleure chaire pour enseigner
que la croix et le calvaire.
Sois patient et obscur, et je te délègue ma Parole,
et tu te feras entendre au monde entier.
Pour prêcher il me suffit de ton sourire, et que tu dises :
Seigneur, je suis content, j’accomplis votre Volonté.